LA CLOCHETTE D'ARGENT DE GUTZWILLER
Cette histoire remonte loin dans le temps. Un soir de Noël un vieil homme, qui s'était quelque peu attardé chez des amis à Magstatt, se mit en route pour gagner Koetzingue. Déjà l'appel des cloches saluant la fin de l'opération du "Heilwoog" s'était éteint dans la nuit, et seule la neige crissait sous les pas du vieillard.
Soudainement, un agréable tintement parvint à ses oreilles, d'abord éloigné, à peine audible, puis de plus en plus proche et de plus en plus fort. Les sons semblaient surgir du vallon où avait existé un village, maintenant disparu, nommé Gutzwiller. Cela ressemblait presque à un chant angélique, aux sons d'une harpe. Du coup le vieil homme s'arrêta, conquis.
D'un coup tout l'espace retentit de la sonnerie joyeuse des cloches appelant à la messe de minuit. Les messagères répondaient les unes aux autres, mais au-dessus de toutes sonnait le ton argentin de la cloche de l'église disparue de Gutzwiller que ses anciens habitants avaient sauvée en la jetant au fond de la source afin de la soustraire à l'ennemi. Des promeneurs affirmaient d'ailleurs l'avoir entendue sonner au fond de l'eau.
Notre homme scruta l'obscurité, cherchant des yeux le site du village. Brusquement la vallée s'éclaira, les maisons surgissaient de la terre, leurs fenêtres étaient gaiement illuminées, éclairant le vieux saule rabougri qui se dresse près de la source. Lentement tout s'effaça, la nuit reprit ses droits, le tintement s'éteignit, tout redevint silence. C'est la morsure du vent du nord qui arracha le vieil homme de son étonnement. Il comprit pourtant qu'il venait d'assister à un miracle, la cloche de Gutzwiller qui annonçait la naissance du Christ !